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Expérience

Je travaille depuis 1995 avec des personnes handicapées, et surtout avec des adultes handicapés dits "mentaux".

 

Au début je partais en séjour de vacances avec eux, leur proposant l'encadrement et l'accompagnement de vie quotidienne, en tant que directeur de séjour avec l 'ALPAS*, structure basée sur Grenoble (Isère) qui propose des séjours "mer et montagne" aux handicapés mentaux.

J'ai pu rencontrer ainsi toutes sortes de public, allant du handicap mental simple, à des formes plus sévères de polyhandicapé. On classait les personnes de très bonne autonomie à mauvaise, celles-ci étant en fauteuil, et appareillées de multiples systèmes, comme les sondes, les poches, et parfois de petits ordinateurs pour pouvoir communiquer par écrit (récemment).

 

Au travers d'une association que j'ai créée, Athabasca*. Je propose du cani-fauteuil, des cani-randos en montagne à pieds, en raquettes, des animations sous forme de jeux, de parcours trappeur. Je propose également la découverte de la race, des petites conférences, des animations et enfin une activité spéciale l'agility qui plaît beaucoup aux personnes handicapés valides ou en fauteuil.

En binôme avec l’animal, plusieurs modules types sont proposés. Leur but est d’installer une complicité avec le chien afin de leur faire franchir des «obstacles». Cela permet à la fois de s’entraîner à évaluer le spatio-temporel, à retenir des ordres de base (contenu et manière), à accepter l’échec, à respecter et à faire preuve d’empathie envers autrui, ici l’animal.

En 2005 avec ma chienne Kolyna, berger Nizinny, avant d'obtenir son brevet d'obéissance, nous avons commencé l'agility au club canin de Voreppe (Isère). Comme elle se révéla très douée, cette activité sera suivie régulièrement. Dès 2006, je mettais en place l'activité agility avec mes groupes d'enfants et mes jeunes samoyèdes.

Depuis, au fil des ans, le nombre de mes chiens Samoyède a grandi (dix) et j'ai élargi mon public aux adultes déficients et aux personnes âgées. J'ai comme client plusieurs associations et structures, en majorité régionales, prenant en charge les personnes défavorisées.

 

Ma posture se définit par une attitude claire. Il faut rester neutre, mais bienveillant. D'où la nécessité d'être à l'écoute, de reformuler les mots, les expressions et les intentions de nos interlocuteurs. Je précise "intentions", car comme expliqué dans mes cas et exemples, certains de mes clients ne peuvent, ou ne savent pas parler, ce qui rend l'exercice plus complexe. J'arrive à décoder leurs "mots" non verbaux, par habitude, et ceux-ci peuvent faire l'objet d'une reformulation.

L'important est cette écoute active des personnes avec lesquelles je travaille ou pour lesquelles je propose des animations avec mes chiens. Le psychothérapeute Dr Carl Rogers l'a mise en place comme une technique d'accompagnement pour ses patients, « la congruence ». C'est une base importante.

 

Dans le cadre d'une relation d'aide , je dois fixer mon attention sur le bénéficiaire, et pas sur son handicap, ou ses déficiences. C'est pour cela que l'activité agility peut se pratiquer par toute sorte de public, parce que mes chiens et moi nous nous adaptons aux personnes et aux situations. L'art est de trouver le juste équilibre pour que tout le monde se fasse tout d'abord plaisir.

L'expérience m'a appris tout comme le dit très bien Thierry Tournebise, que certaines choses sont « imperceptibles par l'intellect, il s'agit de l'attitude intérieure, du projet intime, de la sensibilité à autrui et à soi-même, de la sensibilité à la vie, de la façon dont nous offrons notre regard ... ». Dans ma posture d'aidant, je dois éviter l'émotion, cela ne serait pas constructif pour les personnes, créerait une instabilité, dont les chiens seraient les premiers avertis, je dois mettre le chien en avant, pour initier quelque chose.

 

L'intervention à l'aide du chien peut favoriser ou éventuellement déclencher la résilience, pour un type de public qui possède un « avant » et qui ont un deuil à faire. Public que je rencontre, tel que les personnes accidentées, celles atteintes de maladies, parfois dégénératives, ou les personnes âgées, qui constatent la détérioration lente de leur état.

 

Le mot clef de ma posture, c'est l'empathie, qui s'est mise en place de façon naturelle, instinctive. Elle provient d'années d'expériences de terrain avec le public handicapé et défavorisé. Elle montre son efficacité, et comme le dit Carl Rogers, « que la clef du succès réside dans l'habileté du thérapeute à établir une bonne alliance avec le bénéficiaire. Quelque soit la méthode, l'empathie a un rôle déterminant ». Cela permet d'avoir une posture juste, de mieux comprendre et d'accompagner le public. Le chien a cette capacité à l'empathie, car il côtoie l'humain depuis des milliers d'années. Cela lui donne des possibilités neuronales dans son lobe limbique et active des neurones miroirs, tout comme nous. Ce qui rend très efficace dans les postures et les relations.

 

En situation, il faut arriver à s'effacer pour ne pas interférer dans la relation affective qui lie le bénéficiaire au chien, si celle-ci s'établit. Il faut rester attentif, maître du sujet et de l'environnement. Avoir conscience que les échanges peuvent être riches, même intenses, ne constater que l'échange positif entre la personne et le chien, sans vouloir forcément en connaître le contenu ou l'expliquer, l'analyser ou quels principes sont en train de se mettre en place, quelle partie du cerveau. Avoir conscience des phénomènes d'attachement qui existent, même si mes connaissances restent modestes. Faciliter les relations homme/chien en sachant l'importance du choix de l'animal associé.

 

Notre positionnement est essentiel (T. Tournebise) « L'efficacité de notre posture vient de notre positionnement, et de la façon de considérer la vie et son bénéficiaire ... , Beaucoup de choses peuvent être énoncées en communication, dans l'aide, certaines restent difficilement formulables, et ne se découvrent le plus souvent que par l'expérience ».

 

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